Le livret pratique qui est un extrait du livre Marche-thérapie.
LE LIVRET PRATIQUE
Dominique-Jean Mondor
La Marche libre
Traité de biomécanique
On ne peut penser et écrire qu’assis (G. Flaubert). Je te tiens là, nihiliste ! Rester assis, c’est là précisément le péché contre le Saint-Esprit. Seules les pensées qui vous viennent en marchant ont de la valeur.
Friedrich Nietzsche, Le Crépuscule des idoles, « Maximes et pointes » 34.
*
Petit garçon, je grimpais aux arbres. Mon père me disait : « Grimpe sur cet arbre-là, c’est un arbre commode. » J’ai grimpé, je me suis accroché aux branches, je suis redescendu, j’ai regrimpé, je suis redescendu toujours avec la même joie.
Ma relation à la nature se dessinait imperceptiblement, sans que je le sache. Inconsciemment en acquérant la maîtrise de soi, je liais le corps et l’esprit. Les arbres enracinés, c’est l’image de ce que j’ai recherché au travers de multiples expériences. La plus longue fut celle de mon installation sur le Larzac, au Causse des Cuns, en bordure d’une falaise, avec au-dessus le ciel sans rivage, le vent, la forêt, l’espace. Autant d’éléments propices à la méditation. Le petit traité que vous avez entre les mains est le fruit de vingt années de réflexion dans ces lieux magiques.
Pour ne rien en perdre, je l’ai élaboré avec pour souci premier le partage : permettre au plus grand nombre de s’en emparer pour que chaque individu puisse vivre le plus longtemps possible dans la meilleure santé possible, dans l’union du corps et de l’esprit. Voilà quel est mon souhait le plus cher.
1.
Un peu d’histoire… de quadrupède à bipède
Grâce à l’adduction des membres inférieurs puis à l’extension du genou et de la hanche – deux transformations anatomiques importantes – nous assurons aujourd’hui l’efficacité de notre marche bipède. Le redressement du tronc jusqu’à la bipédie a été rendu possible par une évolution cruciale du complexe bassin/rachis. Ainsi la colonne vertébrale a pu s’ériger afin de trouver son équilibre dans le bassin, car elle est soutenue par les groupes musculaires initialement adaptés à un rachis de quadrupède à courbure unique, lançant ainsi un défi à la gravité.
Depuis son apparition sur la Terre, l’homme, fruit d’une longue évolution, se déplace en marchant. La transformation de notre appareil musculo-squelettique de la quadrupédie vers la bipédie a conduit à certaines modifications comportementales dans notre adaptation à la marche. Nous sommes passés d’une position de proie à une attitude de prédateur ou plutôt de dominant, en quelque sorte. Certains chercheurs prétendent que certaines pathologies, présentes de nos jours, en particulier les pathologies liées au mal de dos, viendraient en partie de cette évolution.
Si la verticalité apporta de précieux avantages (libération des mouvements des bras, communication entre cerveau et mains, et surtout accroissement des capacités cognitives et des sens), il fut contraint de trouver un moyen pour consolider cette nouvelle attitude et sa nouvelle posture. Il lui fallut alors augmenter son appui au sol et son ancrage.
Cette prise de conscience amena le corps à trouver son équilibre sur les membres inférieurs. Il devint stable, animé par le mouvement ondulatoire des courbures de la colonne vertébrale (équilibre), qui favorisa l’harmonie avec la morphologie du bassin. D’autre part, le pied humain, adapté à la préhension, a conquis une fonction d’appui et de bonne stabilité au sol.
2.
La marche
Pour l’homme, la marche est le mode de locomotion le plus naturel. Il consiste en une succession d’appuis alternatifs d’une jambe à l’autre, en position debout, et en contact avec le sol.
Partons d’une évidence : nous passons la plupart de notre temps de vie sur terre à marcher. Cela implique que nous sommes programmés pour marcher un certain temps sur une certaine distance, tout le long de notre vie. Par conséquent, un enjeu majeur se cache dans cet acte que l’on pratique constamment mais que l’on trouve anodin.
Dès lors, il faut s’interroger : de quel type de marche s’agit-il ?
Considérons d’abord la « marche forcée ».
Elle est pratiquée par la plupart d’entre nous, surtout en milieu urbain. Elle est dépendante de la volonté de résultat que nous nous imposons. La marche forcée engendre une séparation partielle entre le corps et l’esprit. En effet, l’intention est projetée vers l’avant et dominée par l’objectif à atteindre, et laisse le corps derrière, dans l’effort et parfois la souffrance. Dans la marche forcée, on impose à son corps un effort considérable, comme si l’on portait en permanence une charge écrasante ou bien comme si nous luttions contre une pression exercée par une opposition invisible. Le sprinteur en est une bonne illustration. Sa volonté d’accélération sur une courte distance, creuse son visage comme s’il subissait la pression d’une force inconnue.
La marche forcée, répondant à nos exigences, sollicite le corps sans ménagement, souvent dans l’urgence. Notre biomécanique – os/muscles/tendons/articulations/ligaments – subit en quelque sorte la violence de notre volonté. Cette façon de marcher va endommager particulièrement les têtes osseuses fémorales qui, subissant des frottements durs et soutenus, produiront à la longue de l’arthrose. De la même façon, l’os sera davantage fragilisé par des contraintes de force opposées. Ainsi le fémur, notamment son col, sur un choc anodin, pourra un jour céder.
3.
Le pas
La marche est souvent décrite comme un enchaînement de pas. En fait, ce qui paraît être une évidence cache une réalité plus complexe. Pourquoi ?
Pour moi, un seul et unique mouvement global produit la marche libre.
Si on le regarde en détail, ce mouvement est une succession permanente d'enracinement/déracinement géré par les membres inférieurs (pieds, chevilles, jambes, genoux, fémurs et hanches) et le bassin (iliaques, sacrum et coccyx). En même temps, l'ondulation de la colonne vertébrale assume l'équilibre dans l'espace en utilisant les bras comme balancier.
Toutes les articulations du corps, par leurs mouvements de rouage, sont au service de la marche libre.
Nous pouvons ainsi prétendre que la marche libre sollicite tous les rouages articulaires du corps dans un seul mouvement.
Des racines et des ailes
On pourrait comparer la terre à une toupie géante tournant autour du soleil. Si on regarde attentivement la forme de la plante de nos pieds, on voit que leur voûte naturelle épouse parfaitement la rondeur d’un petit ballon. À l’image de la terre, notre corps n’est formé que d’éléments ronds, symboles du mouvement. Même si nous ne ressentons pas les mouvements de la terre lorsque nous marchons, elle nous entraîne dans son Temps /Espace, malgré nous.
Le mouvement de nos articulations est également circulaire. Il est fait pour s’adapter naturellement au mouvement de la terre. Il se déploie à travers les articulations principales des membres inférieurs – cheville, genou et fémur.
Donc, nous sommes fait pour marcher dans le mouvement de la Terre et non sur la terre.
Racines
Une personne "enracinée" est un être humain équilibré.
La position naturelle des pieds admise est la suivante :
_ ils sont placés avec le même écartement que les hanches,
_ et positionnés avec les pointes « un peu » en dedans, donc pas tout à fait parallèle(voir schéma).
Ainsi, nos chevilles, nos jambes, nos genoux sont libres permettant à nos têtes fémorales de se placer correctement dans le bassin.
Cela donne un aspect un peu fléchit du membre inférieur (voir schéma).
Cette position centrale offre une plus grande liberté de mouvement et ceci dans toutes les directions.
Alors que si vous étiez positionnés avec les pieds en dehors, chevilles et genoux en blocage articulaire (extension quasi maximale et déformante) imposant à la tête fémorale une compression maximale dans sa loge articulaire, votre équilibre, vos mouvements et vos déplacements seront limités et probablement source de problèmes mécaniques et de douleurs.
Dans cette position correcte…
Notre colonne vertébrale est bien érigée car elle s’appuie sur deux jambes bien enracinées. Cet appui peut être utilisé dans nombre de situations quotidiennes. Par exemple, lorsqu’on s’adresse à quelqu’un, et que notre corps est bien enraciné, on constate que la voix n’a pas la même résonance. Lorsqu’on travaille, si nos deux pieds sont bienpositionnés et que l’on est bien en appui sur nos deux jambes, on évite la fatigue musculaire. Bien enracinés, les bras forment deux éléments de stabilisation, c’est-à-dire qu’ils servent à ajuster, en fin de processus, un bon équilibre.
L’enracinement prend naissance dans nos pieds (calcanéum ou talon). Cette force va se propager jusqu’à la zone lombo-sacrée pour se transmettre par la colonne vertébrale au corps tout entier. Comme nous l’avons déjà dit, l’enracinement induit d’abord le bon placement du bassin, des jambes et des pieds, ainsi l’enracinement, à travers l’ondulation naturelle de la colonne vertébrale, va gérer l’équilibre du corps, dans sa totalité.
Les membres inférieurs jouent un rôle d'échasses articulées sur lesquelles le poids du corps circule librement. Ils sont composés globalement de trois articulations fonctionnant comme des poulies reliées entre elles par des tiges souples et solides, les os. Les articulations des jambes constituent un rouage permettant, par l’appui du talon à la terre, de capter la force liée à l’enracinement et de la transmettre par la ceinture pelvienne à la colonne vertébrale.
Notre équilibre dépend du bon positionnement de notre charnière lombo-sacrée.
Intéressons-nous au jeune enfant que nous avons été. D’abord couché sur le dos, puis sur le ventre, puis en posture de quadrupède il s’est relevé, instinctivement, sur ses deux membres, ses jambes, grâce à la force ondulatoire de sa colonne vertébrale.
Nous avons érigé notre colonne vertébrale vers le haut ce qui a conduit à détacher nos bras de la terre, jusqu’à atteindre une totale verticalité. Si l’on observe les jeunes enfants, on remarque qu’ils n’ont pas les jambes aussi tendues que nous car leur sacrum est bien placé. Cette posture naturelle rappelle un peu la position assise et correspond en fait à un enracinement plus solide.
Ailes
Comment gère-t-on l’espace ?
En fait il ne faudrait pas poser la question de cette manière, il faudrait plutôt dire : « Comment gère-t-on son corps dans l’espace ? » L’équilibre correspond à la juste gestion du corps dans le vide. En apparence, tous les gens sont en équilibre puisqu’ils tiennent tous debout. Mais, à bien y regarder, la plupart d’entre eux ont des muscles trop contractés en station debout ou pendant la marche. Ils compensent par cette contractionl’absence d’un véritable enracinement, ce qui induit fatigue, disproportion musculaire et vieillissement prématuré.
4.
Les os plus utiles que les muscles
Les os jouent un rôle majeur dans la marche. Lorsqu’on utilise prioritairement ses os, les tendons servent alors de tendeurs pour unir les os entre eux dans le déplacement.
À l’inverse, lorsqu’un muscle est très sollicité (marche forcée), par une contraction de type explosif (appelé aussi effort impulsif), cette contraction et cette surexploitation induiront une détérioration importante de la fibre musculaire. On comprend qu’une blessure survient plus facilement sur un corps musclé contracté. De plus, le muscle qui subit une contraction musculaire « explosive », fragilise les articulations en tirant violemment sur celles-ci par l’intermédiaire des tendons.
Transformation muscles/tendons
ou l’utilisation des muscles en tendons
Les tendons sont des cordons fixés sur diverses parties de notre squelette. Ils offrent une prise aux muscles. Les tendons sont l’intermédiaire entre fibres musculaires et surface osseuse.
Leur fonction principale est de stabiliser, par intermittence, les articulations osseuses. La fonction secondaire consiste à transmettre les forces musculaires aux diverses pièces osseuses. La transformation muscles/tendons signifie que les muscles dits actifs jouent le rôle de tendons, par l’action du mouvement de l’os qui en devient l’acteur principal, le tout produisant une force de type isométrique.
La colonne vertébrale
La colonne est composée de trente-trois vertèbres formant le rachis cervical, le rachis dorsal et le rachis lombaire. Elle se termine par le sacrum et le coccyx. Entre chaque vertèbre, on trouve un disque qui, une fois usé, ne se régénère pas. Or, ces disques permettent par leur densité et leur élasticité de maintenir à leur juste place l'ensemble des vertèbres. Dès lors qu'ils commencent à servir d'amortisseurs en absorbant les chocs afin de limiterles traumatismes, ils commencent à « fatiguer » et à s'user. Vu qu'ils ne se régénèrent pas, ils sont donc précieux.
L’amplitude des mouvements de la colonne vertébrale varie selon la région dorsale et selon les individus.
Elle peut être exceptionnelle chez certaines personnes, telles que les acrobates. L’étendue possible des mouvements chez les jeunes adultes, en bonne santé, se réduit normalement de 50 % ou davantage avec l’âge. La mobilité de la colonne vertébrale est avant tout liée à la compressibilité et à l’élasticité des disques. Les mouvements possibles sont la flexion, l’extension, l’inclinaison latérale et la rotation (torsion) ainsi que tous les mouvements combinés allant jusqu'à permettre l’ondulation générale de la colonne vertébrale.
Comme chez tous les vertébrés terrestres et chez tous les mammifères, la colonne vertébrale est la pièce principale du squelette. Elle est composée d’un empilement de vertèbres et de disques intervertébraux, tenus et soutenus par des ligaments et des muscles. Vue de dos, la colonne est rectiligne mais, lorsque l’on la regarde de profil, elle forme des courbes au nombre de trois. Cette forme lui permet de résister aux pressions et de se maintenir en équilibre dans l’espace par un mouvement ondulatoire. Grâce à ce système, la colonne peut s’adapter à différents mouvements dans l’espace.
La colonne joue un rôle très important dans la posture debout mais surtout dans l’équilibre de la marche. Ces mouvements sont possibles grâce à un système articulaire complexe. Chaque étage articulaire vertébral joue son rôle. C’est pour cette raison que l’on retrouve des différences anatomiques : corps vertébraux et disques plus ou moins épais, muscles plus ou moins puissants. Chaque segment aura donc sa fonction. Le rachis cervical n’a pas un rôle important de soutien, il n’a donc pas beaucoup de contrainte de poids. Par contre, il est très mobile.
Le rachis dorsal, lui, est très peu mobile et pose peu de problèmes.
Le rachis lombaire est assez mobile et a un rôle de soutien très important. Ces vertèbres sont larges et robustes car elles reçoivent le poids de toute la partie supérieure du corps, organes compris. Poids qu'elles se doivent de gérer à chaque mouvement.
Cet ensemble, scrupuleusement coordonné, permet à la colonne vertébrale de se mouvoir dans l’espace.
Les courbures de la colonne vertébrale
Notre colonne vertébrale est organisée en courbures qui s’engendrent les unes les autres, entraînant ainsi un mouvement ondulatoire du bas vers le haut sur le plan vertical. Ce mouvement naturel d’ondulation permet l’équilibre du corps dans l’espace, les muscles jouant leur fonction de soutien. Les articulations des jambes fonctionnent comme une poulie, un rouage qui assure, par l’appui à la terre (talon/calcanéum), la transmission de la force nécessaire à l’ondulation de la colonne vertébrale.
Dans la marche, la colonne vertébrale est très sollicitée car c’est un trait d’union entre la terre et l’espace ainsi que le garant d’un bon équilibre. C’est une des raisons pour laquelle les plus grosses vertèbres se trouvent à l’extrémité inférieure de la colonne accrochées solidement à notre ceinture pelvienne par le sacrum. Au fur et à mesure de l’empilement vertébral vers le haut, les vertèbres s’affinent, soutenues par des muscles, des ligaments et des tendons.
Ceinture pelvienne
Le bassin (ceinture pelvienne) transmet à la fois les mouvements de la terre à la colonne vertébrale et organise la transmission du mouvement circulant d’une jambe à l’autre pour produire l’action de marcher. Exemple : quand on marche en se servant de la terre, comme source de force motrice, notre ceinture pelvienne, soutenue par le sacrum, transmet ce mouvement par les têtes fémorales aux jambes.
Ainsi, le mouvement naît de la terre et revient vers la terre. Il s’agit du mouvement naturel de la marche. Lorsque le corps retrouve une marche libérée, il remet naturellement les vertèbres en place, les muscles dans leur gaine tout en renforçant les ligaments et les articulations. Quand on marche de façon libre, c’est-à-dire sans être soumis à un objectif particulier, on cultive son corps de façon naturelle tout en libérant son esprit de contraintes et d’obligation de résultats.
Le talon (calcanéum)
Les pieds représentent un élément solide en particulier par l’os du talon (calcanéum) dans la construction de la marche. Les pieds sont en contact direct avec la terre. Ainsi, l’os calcanéum (talon) trouve son appui et par sa force et sa consistance, favorise l’enracinement. Le pied participe également à une bonne répartition du poids du corps et, par conséquent, à l’équilibre de celui-ci dans l’espace. La forme ovale et concave de la voûte plantaire, épousant la forme d’une petite sphère, indique son mouvement de rouage au pas, pendant son déroulement.
La voûte plantaire est une arche mobile qui a la faculté de s'écraser puis de se creuser à nouveau pour amortir le poids du corps et « donner du rebond » afin de perpétuer le mouvement. Elle fonctionne un peu comme un ressort.
Cette biomécanique permet aussi le drainage veineux et lymphatique des membres inférieurs indiquant de fait, l'importance de sa tonicité dans les problèmes circulatoires (jambes lourdes, rétention d'eau, varices...).
Le sacrum
Le sacrum, chez les êtres humains, est un osmédian et symétrique, formé de cinq vertèbres soudées entre elles.
Chez l'être humain, le sacrum est formé de 5 vertèbres dites « sacrées » soudées entre elles.
Il a une forme pyramidale ; le sacrum est situé entre les deux os iliaques et le coccyx pour former le bassin osseux. Il est dépendant de l'articulation coccygienne et des deux articulations sacro-iliaques ainsi qu'avec la dernière lombaire (articulation lombo-sacrée) qui lui permettent de communiquer à la fois avec les membres inférieurs et la colonne vertébrale, d’où son importance pour un bon fonctionnement de notre corps.
Qu’elle est la fonction du sacrum pendant la marche ?
Le sacrum joue un rôle prépondérant dans l’action de marcher et plus généralement dans toutes les actions du corps en mouvement. En effet, le sacrum est placé au centre de notre schéma corporel, ce qui lui confère un rôle essentiel dans l’équilibre global du corps et en particulier dans l’action de marcher.
Ce centre est la plaque tournante de tous nos déplacements (membres inférieurs) et par conséquence de nos mouvements (membres supérieurs), devient, par sa forme et sa position entre les articulations sacro-iliaques, le maître incontesté de chacun de nos actes.
Le sacrum peut être éduqué comme tout autre partie du corps, mais il faut, pour y parvenir, en percevoir l’existence par quelques exercices simples.
Dans la marche libre, le sacrum est utilisé comme vecteur principal du mécanisme de la marche.
En conclusion, le sacrum et surtout sa fonction, doit être considéré comme étant le maître de tous nos actes et déplacements.
5.
Biomécanique de la marche libre
Le principe fondamental de biomécanique de la marche libre est fondé sur l’enracinement à la terre. Cet enracinement provoque le mouvement de rouage des articulations qui, transféré au bassin en mouvement, produit l’action de marcher. L’ensemble ainsi mobilisé produit une force de type isométrique qui induit un mouvement de traction vers l’avant (voir l’encadré « Traction/Propulsion »).
Enraciner sa marche
Enraciner sa marche, c’est d’abord prendre le temps d’enraciner sa posture, en station debout. Il faut ensuite comprendre que la marche libre est une succession d’enracinements ou un enchaînement de déracinements gérés et contrôlés.
Comment l’enracinement s’organise sur un plan biomécanique ?
Dans un premier temps, il faut considérer la terre comme un support souple et moelleux sur lequel, au contact du talon, les muscles des jambes vont réagir comme des tendeurs (tendons) qui, en s’étirant, vont relier le tronc aux jambes tout en retenant le poids de corps.
De cette manière, la colonne vertébrale va se trouver installée confortablement dans son bassin, par l’intermédiaire de l’articulation lombo-sacrée et sacro-iliaque. Dans cette posture, les quadriceps vont s’étirer, s’allonger et jouer le rôle de tendons très puissants, les fibres restant alignées dans leur gaine.
Rouage / Poulies (articulations)
Dans la marche libre, les articulations des membres inférieurs jouent le rôle de poulies bien huilées servant au bon déroulement du pas.
Ce système Rouage / Poulies assure également une continuité du mouvement. Ce mouvement assure à son tour le graissage de l’articulation et l’apport en sang des têtes osseuses sollicitées.
À l’inverse, la marche forcée augmente la pression dans les articulations, entraînant un asséchement de celles-ci.
Par voie de conséquence, elle produira dans un premier temps une inflammation appelée arthrite et à long terme l'arthrose.
C’est pourquoi la marche libre va libérer les micros-mouvements articulaires dans la région lombaire car elle laisse libre la place au disque intervertébral qui peut alors jouer correctement son rôle.
Arc / ondulation (colonne vertébrale)
Nos courbures vertébrales sont organisées de telle sorte qu’elles permettent, suite à l’enracinement, des mouvements d’arc responsables d’une ondulation qui engendre un bon équilibre dans l’espace.
Par conséquent, les mouvements ondulatoires de nos courbures vertébrales assurent bien notre équilibre dans l’espace pendant la marche libre.
6.
Corps et esprit unis
Que signifie avoir le corps et l’esprit unis ?
Cela veut dire mobiliser l’attention du cerveau en augmentant la conscience de la partie du corps en mouvement (méditation active).
La biomécanique des exercices pratiques offre la possibilité, par un entraînement régulier, d’accroître cette prise de conscience du corps dans sa globalité.
Tout simplement en augmentant son enracinement à la terre, seul moyen d’obtenir une lecture du corps dans sa verticalité et dans sa globalité, ce qui induit :
_ une tension légère des muscles des jambes et des cuisses en réponse à l'appui sur le sol ;
_ une position correcte du sacrum au sein de la ceinture pelvienne ;
_ une tension juste et consciente des arcs de la colonne vertébrale (courbures).
Conscience du corps assis
Avec la posture assise sur une chaise dont le dossier est bien vertical, il faut tout d’abord veiller à ce que la taille de la chaise corresponde à votre taille ; vos jambes, en appui au sol, doivent se trouver parfaitement à l’horizontale. Votre dos doit reposer sur les vertèbres lombaires bien posées contre le dossier sans s'y appuyer complètement afin que votre colonne vertébrale puisse s’ériger et se maintenir en équilibre sans effort particulier. Vos bras seront fléchis et vos mains posées en supination (face vers le ciel) sur vos cuisses juste avant vos genoux. Les pieds, eux,seront écartés d’une largeur d’épaule et surtout bien en appui au sol.
Dans cette posture passive, votre schéma corporel se présente de manière à vous permettre une prise de conscience globale de votre corps. Sur un plan physiologique (fonctions vitales), vos organes et viscères se reposent tout naturellement dans votre bassin reposant parfaitement calé dans votre ceinture pelvienne.
Conscience du corps en déplacement (marche libre)
Marcher en pleine conscience, c’est garder l’esprit relié au corps en permanence, sans obligation de résultat, ni en temps ni en distance. L’objectif est uniquement de garder l’esprit concentré sur le corps physique en déplacement.
7.
Les effets de la marche libre
Ils sont les suivants : sur le corps anatomique, la marche libre provoque une détente musculaire, un renforcement articulaire, tendineux, et une musculation naturelle. Sur le corps physiologique, elle engendre une régulation cardio-vasculaire (respiration) ainsi qu’un rééquilibrage de la fonction digestive et gastrique et une stimulation des fonctions urinaire et sécrétoire. En ce qui concerne le système endocrinien (production hormonale), la marche active la production hormonale des glandes en la régulant de façon naturelle.
Sur un plan esthétique, les effets sont nombreux. En premier lieu, par la mise en fonction de façon isométrique de la quasi-totalité des groupes musculaires, la silhouette s’affine globalement et devient plus symétrique et plus uniforme. En effet, lesjambes etles muscles sollicités pendant la marche libre perdent du tissu graisseux. Progressivement, la marche libre fait disparaître le surplus graisseux et favorise la circulation sanguine et lymphatique, ce qui participe à une régulation de l'eau dans le corps (surtout dans les membres inférieurs).
On retrouve une silhouette affinée et longiligne.
8.
La Marche régule nos états émotionnels.
« Va faire un tour ça te fera du bien… », me disait ma maman.
Et comme avait-elle raison !
Sentiments /Émotions
Le sentiment, tout comme l’émotion, implique les fonctions cognitives de l’organisme. Même s’il y a beaucoup de similitudes entre les émotions et les sentiments, ces mots désignent des concepts un peu différents. Les émotions sont des réactions spontanées à une situation. Elles peuvent entraîner des manifestations physiques (pâleur, rougissement, agitation, accélération des battements cardiaques et du rythme respiratoire, transpiration, etc.) ainsi que des manifestations psychologiques (pensées négatives ou positives, changement d’humeur) de courte durée. On capte les émotions tandis que les sentiments émanent de nous et de nos attentions. Les sentiments déclenchent des émotions.
Quand le corps est sollicité dans la marche forcée, notre production hormonale l’est d’autant plus qu’elle vient en compensation de la souffrance du corps. En définitive, quand l’effort est long et violent pour le corps, le système endocrinien se dérégule et augmente la production d’endorphines.
À l’inverse, lors de la marche libre, la biomécanique naturelle du corps régule la production hormonale et l’équilibre naturellement.
J’ai observé que pendant la période d’hiver où les sources de lumière sont atones, notre sensibilité émotive se manifeste de façon plus élevée. Et que grâce à la marche libre pratiquée quotidiennement, on stimule la production hormonale qui compense ce déficit. On s’aperçoit alors assez rapidement du changement d’état d’esprit : on passe d’un état de mélancolie à la joie.
Propulsion / traction
Traction = action de tirer.
Que faut il comprendre par traction quand il s’agit de l’action de marcher ?
La force de traction naît dans la jambe d’appui restant au sol qui entraîne à son tour le bassin (sacrum-iliaque) qui, en tirant l’autre jambe forme le pas en venant déposer le talon du pied délicatement sur le sol.
Propulsion = action de pousser.
Que faut il comprendre par « propulsion » quand il s’agit de l’action de marcher ?
La propulsion fournit une poussée à un corps pour qu’il se déplace vers l’avant.
La marche forcée est produite par un effort de propulsion. Par une contraction explosive, la jambe se propulse et vient rencontrer le sol. Projeter la jambe lors du pas vers l’avant jusqu’au contact avec le sol engendre une percussion du pieds, percussion qui viendra s’enregistrer dans la zone lombo-sacrée.
Remerciements
Toute ma reconnaissance à Régine, à Jean-Louis, Raymond et à Matthieu pour m’avoir accompagné dans la réalisation de ce petit manuel.
Je profite de l’occasion pour remercier les femmes et les hommes qui ont suivi mes cours de culture physique depuis vingt-cinq ans – grâce à eux j’ai pu progresser dans ma compréhension de l’union du corps et de l’esprit.
Je remercie également les habitants du Larzac qui m’ont accueilli sur leur terre de liberté.
Permettez-moi de saluer la mémoire de ma maman qui serait heureuse de voir que j’ai pu réaliser ce manuel.
Jean Mondor a expérimenté sur un plan
pratique toutes les informations contenues dans
ce livret concernant l’étude de la Biomécanique
de la marche et de son évolution
depuis notre passage de la quadrupédie à la bipédie.
C’est la recherche du pourquoi de ce processus et de son évolution
qui l’ont conduit à la réalisation de cet ouvrage.
Cette étude remettra sans aucun doute en question, certaines
thèses, concernant l’appareil moteur et son fonctionnement. En
effet, la biomécanique de la marche a déjà été maintes fois présentée
et publiée, mais cette approche très audacieuse reste à ce jour unique
ce qui lui confère son aspect novateur et pertinent.
Cet ouvrage s’adresse aux particuliers et professionnels du secteur
santé/bien être, désireux d’approfondir leurs connaissances
concernant l’activité de la marche, l’action de marcher
et ses implications sur notre bien-être.
L’activité physique générée par la marche libre est une thérapie préventive.